Un traitement fongicide répété à intervalles fixes, voilà le terrain idéal pour voir émerger des souches résistantes chez les agents pathogènes. Mélanger plusieurs substances actives ? Ce n’est pas la parade infaillible : la sélection de résistances multiples guette toujours. Beaucoup de cultivateurs sous-estiment à quel point l’efficacité d’un fongicide dépend de la phase précise de développement de la maladie… et de la météo au moment de l’application.
Des pratiques mal calibrées peuvent sabrer jusqu’à 40 % du rendement d’un traitement et accélérer la perte de puissance des produits. S’appuyer sur des protocoles éprouvés, choisir ses molécules avec discernement : ce sont les fondations d’un contrôle efficace des maladies fongiques qui tient la route.
Comprendre le rôle des fongicides dans la protection des cultures
Les fongicides jouent un rôle-clé dans la protection des cultures. Ils ciblent une large gamme de champignons responsables de maladies majeures sur le blé tendre, le blé dur, le maïs, mais aussi sur les prairies. Leur objectif : limiter les dégâts des organismes pathogènes et maintenir le potentiel de production.
Leur mode d’action varie selon les molécules. Certains s’utilisent en préventif, d’autres en curatif. Certains bloquent la germination des spores, d’autres freinent le développement du mycélium. Les substances actives autorisées en France doivent répondre à des critères stricts, mais trouver le bon équilibre entre efficacité et impact sur l’environnement reste un défi permanent. Déjà plus de 600 espèces de ravageurs ont développé des résistances à divers pesticides : l’adaptation des agents pathogènes est rapide, et le risque bien réel.
Voici les deux principaux axes de la protection :
- Lutte contre les maladies fongiques : fusariose, septoriose, rouille jaune, oïdium… Ces fléaux nécessitent une vigilance constante et des traitements ajustés.
- Préservation des récoltes : une attaque mal gérée, et la qualité comme le rendement partent en fumée.
La toxicité des fongicides, qu’elle soit immédiate ou à long terme, soulève des inquiétudes pour la santé humaine et animale. Leur usage peut affecter les sols, les eaux, la biodiversité. À chaque sélection de produit, ces paramètres doivent peser, et les stratégies doivent s’adapter pour freiner l’apparition de résistances. La protection des cultures se joue dans l’analyse, l’anticipation et une exécution soignée, pas uniquement dans le choix du bidon.
Quels sont les différents types de fongicides et comment agissent-ils ?
Deux grandes catégories dominent le marché des fongicides : les fongicides de contact et les fongicides systémiques. Chacun apporte une réponse spécifique, adaptée au profil des maladies et aux besoins des agriculteurs.
Fongicides de contact : une barrière à la surface
Les fongicides de contact restent à la surface de la plante. Ils créent une pellicule protectrice qui empêche la germination des spores et bloque l’entrée des agents pathogènes. Pour que cela fonctionne, la couverture doit être uniforme : la moindre zone oubliée devient une porte d’entrée pour les champignons. Le folpel fait partie de ces produits. Ils s’emploient en prévention, en particulier quand les conditions favorisent l’apparition des maladies fongiques.
Fongicides systémiques : protection interne
Avec les fongicides systémiques, la protection va plus loin. Ces produits pénètrent dans les tissus, circulent par la sève, et défendent la plante de l’intérieur, y compris les nouvelles pousses. Les molécules comme le prothioconazole, tébuconazole, fenpropidine, azoxystrobine ou fluxapyroxade composent des solutions telles que Prosaro, Forapro, Maxentis ou Avastel. On les utilise pour leur action curative, mais aussi préventive, face à des maladies comme la septoriose ou la fusariose.
Voici les différences majeures entre ces deux familles de produits :
- Fongicides de contact : agissent localement, servent surtout à prévenir, peuvent être lessivés par la pluie.
- Fongicides systémiques : traversent les tissus, protègent les organes en croissance, leur effet dure plus longtemps.
Le choix d’un fongicide dépend du stade de la culture, du niveau de risque et de la pression des agents pathogènes. Alterner les modes d’action reste la meilleure défense contre la résistance, déjà observée sur des centaines d’espèces.
Conseils pratiques pour une utilisation raisonnée et efficace au quotidien
Trois réflexes à adopter : anticiper, observer, intervenir au bon moment. Cela commence par une surveillance attentive des parcelles. Chaque tache, chaque symptôme sur blé tendre, orge ou maïs mérite d’être noté. Mais l’observation ne s’arrête pas aux feuilles : il faut aussi tenir compte de la météo et de la pression attendue des maladies fongiques selon la région.
Le traitement doit démarrer seulement si le seuil d’intervention est atteint. Appliquer systématiquement en prévention ne fait qu’augmenter le nombre de passages, sans bénéfice réel. Le projet Aglae, mené par Jean-Pierre Giammertini avec la chambre d’agriculture Occitanie, l’a montré : réduire les traitements passe par l’ajustement terrain et le choix de variétés plus tolérantes.
Un matériel bien réglé fait la différence. Utilisez des buses jaunes à fente classique pour une couverture uniforme, contrôlez l’hygrométrie et le vent avec un hygromètre-anémomètre. Après chaque intervention, nettoyez le pulvérisateur pour éviter tout risque de contamination croisée.
Pour garantir la sécurité et le respect de la réglementation, certains gestes sont incontournables :
- Portez toujours un équipement de protection individuelle : gants, combinaison, masque. Les risques liés aux produits phytosanitaires sont parfaitement connus.
- Le Certiphyto est obligatoire pour chaque utilisateur professionnel : il atteste d’un socle de connaissances sur les risques et leur gestion.
Réduire le recours aux fongicides passe aussi par la formation continue, l’échange d’expériences entre professionnels, et l’utilisation d’outils d’aide à la décision. S’appuyer sur les seuils d’intervention, c’est protéger l’efficacité des produits sur le long terme, et éviter de voir la résistance gagner du terrain.
Le champ reste ouvert : chaque saison met à l’épreuve les choix techniques, chaque parcelle raconte une histoire différente. Face à la pression des maladies fongiques et à l’évolution des résistances, seule une vigilance active permet de conserver la maîtrise et de préparer l’agriculture de demain.

